Thecamp : La puissance de l’instinct !
Et si ce qui faisait la marque de fabrique de ce lieu, c’était d’être irrationnel ?
Et si pour changer on s’inspirait de ce qui n’a jamais été fait avant ?
J’ai été accueilli par cette phrase en arrivant à thecamp. J’ai quitté les lieux il y a quelques jours et j’y pense encore ! Ce projet est né d’une intuition et cela en fait un lieu incomparable par nature. Ayant eu la chance de vivre sur les lieux pendant quelques jours, je vais essayer de le définir en m’appuyant, non pas sur ce qu’il est, mais sur ce que j’ai ressenti là-bas.
Thecamp c’est un lieu hors norme qui vient tout juste d’ouvrir. Celles et ceux qui le portent le définissent comme un camp de base pour explorer le futur avec des explorateurs qui vont y passer et l’habiter. Les plus terre à terre parlent d’un campus du futur à la croisée des chemins entre un incubateur pour startups, un accompagnateur de PME et un lieu de rencontres de séminaires et de formations.
Pour moi, c’est un peu tout cela à la fois. Le lieu est un magnifique campus à quelques km de Aix en Provence. Son emplacement en plein milieu de la garrigue avec une vue imprenable sur la Sainte Victoire est un symbole de l’ancrage régionale qu’il souhaite incarner. Sa canopée unique au monde et ses bâtiments circulaires en verre et en béton lui donnent un aspect futuriste en cohérence avec l’ambition affichée. Sous cet immense galet blanc, tout est prévu pour en faire le fameux campus du futur capable de penser de grandes innovations et de les prototyper directement : des espaces de travail variés et adaptables, un fablab, un jardin en permaculture et un autre pour tester l’agriculture urbaine.
Aujourd’hui c’est vrai aussi que c’est une coquille un peu vide qui doit prendre véritablement vie pour exprimer son potentiel, mais ça ne m’empêche pas d’être optimiste !
Grâce à MakeSense (l’un des collectifs partenaires), j’ai eu la chance de vivre l’expérience thecamp en avant-première avec une cinquantaine de Pionniers venus des quatre coins de la France pour appréhender le lieu et lui donner vie avant son ouverture officielle. L’expérience fut enrichissante, j’ai fait de belles rencontres et les perspectives sont excitantes. Cependant, dans ces lignes je vais surtout analyser cette petite semaine pour tenter de définir le lieu à partir de l’énergie qui s’en dégage.
En effet, il a été imaginé pour ne ressembler à rien d’existant et cela en fait un lieu incomparable par essence. Il peut ainsi apparaître comme quelque chose de très innovant où d’un peu fourre-tout. En réalité, il est assez facile d’être critique ou enthousiaste pour ce projet, mais bien prétentieux serait celui qui pense savoir avec certitude ce que ça va devenir. Pour essayer de le définir je vais donc m’appuyer sur deux notions que je trouve particulièrement appropriées : la raison d’être et les valeurs. Je les trouve pertinentes car elles peuvent donner une bonne indication du futur de thecamp, mais pour se traduire en faits concrets elles vont nécessiter d’être incarnées avec constance.
L’ambition de refaire le monde en plaçant l’humain au centre
La raison d’être d’un projet, c’est sa grande ambition, l’objectif qui sera toujours poursuivi, qui animera les équipes et qui permettra de se donner une grande direction. Pour thecamp la quête affichée est de trouver de nouvelles approches à des défis universels et de fédérer tous les acteurs animés du même enthousiasme pour le futur, afin de générer des bouleversements du monde positifs pour les hommes et la planète.
Derrière cette jolie phrase qui reprend le vocabulaire aventurier de thecamp, on a surtout une vision d’un futur humaniste qui veut replacer l’humain au cœur des réflexions et des innovations qui façonneront le monde de demain. Cette vision était celle de Frédéric Chevalier qui a tenu tête face à tous ceux qui pensaient que c’était impossible, permettant ainsi que ce projet voie le jour. Aujourd’hui c’est un héritage porté avec beaucoup d’émotion par l’équipe qui anime thecamp. Marina Rachline, responsable des grands challenges, définit ce lieu comme « un pont qui va relier des mondes qui n’ont pas trop l’habitude de se parler pour créer un futur duquel on sera fier ».
On connait bien les grands campus américains dédiés à l’innovation qui embrassent les nouvelles technologies. Thecamp propose de ne pas s’affranchir de ces innovations, mais de replacer l’humain au centre pour s’ancrer dans une tradition humaniste européenne.
Si la raison d’être propose une grande direction, ce sont ensuite les valeurs incarnées par l’équipe qui lui donnent et lui donneront de la consistance.
Les valeurs qui animent l’équipe semblent cohérentes avec cette vision humaniste
Beaucoup de gens parlent des valeurs sans forcément arriver à leur donner une réalité. Pour moi, les valeurs sont une sorte de boussole naturelle, qui est issue de notre vécu, de notre éducation et de nos expériences, et qui guide nos choix et nos comportements au quotidien. Demandez-vous quand est-ce que vous avez eu à mobiliser vos valeurs dernièrement et vous verrez qu’elles vous ont servis à prendre une décision ou à opter pour un comportement. Si vous aviez eu d’autres valeurs vous auriez probablement agi différemment. Puisqu’elles déterminent nos comportements, les valeurs qu’un projet incarne ont une véritable influence sur sa réalité. A l’heure ou thecamp va prendre vie, ce sont donc les valeurs que j’y ai perçues qui me rendent particulièrement enthousiaste pour ce projet.
Je me base uniquement sur les quelques jours que j’ai vécu à thecamp, et je n’ai pas la prétention d’avoir pu lire avec détails les valeurs qui vont véritablement animer le projet. Ainsi, l’idée étant plus de vous faire passer l’état d’esprit de ceux qui portent le projet, je vous proposerai plusieurs mots pour chaque idée.
Tout d’abord, et si cela continue dans cette direction, le futur porté par thecamp sera OPTIMISTE, HEUREUX et ENTHOUSIASTE. Dans le contexte qui est le leur, à quelques jours de l’ouverture, j’ai trouvé très belle l’énergie déployée par l’équipe. Ils semblent tous incapables de perdre leur sourire et vivent la pression comme une véritable source d’énergie. Quels que soient les difficultés, les évènements ou l’ampleur de la tâche à accomplir, ils gardent tous une énergie positive folle qui rayonne et se transmet à ceux qui les croisent.
J’ai aussi vu une dynamique d’ÉCOUTE, d’HONNETÉ INTELLECTUELLE et de RÉACTIVITÉ que j’ai trouvé très intéressante. Pas question d’affirmer quoi que ce soit et de prétendre qu’on sait déjà. Bien au contraire, ils sont à l’écoute des retours et les prennent en compte très rapidement. En tant que Pionniers, cela nous a été dit et répéter. Nous étions (et sommes encore) considérés comme des pièces importantes de la construction de thecamp et ainsi encouragés à faire des retours et des propositions d’amélioration, d’évolution ou d’animation. Après 2 jours sur les lieux, nous avons débuté la troisième journée en exprimant que les moments de liberté laissés aux Pionniers se traduisaient un peu trop souvent en moment d’oisiveté. On trouvait cela intéressants pour créer des connections, mais relativement peu créatifs et productifs. À peine le temps de le dire nous avions face à nous une cinquantaine de feuilles disposées en « piano » sur la scène de l’amphithéâtre et étions invités à donner nos talents, nos besoins et une idée d’animation à faire. 15 minutes plus tard, notre agenda se remplissait pour les 3 derniers jours.
Malgré la très forte ambition affichée, portée au quotidien et qui ne me semble pas nécessaire de démontrer, j’ai été touché par la MODESTIE et l’HUMILITÉ des acteurs que j’ai croisés. Quand il s’agit de parler de thecamp, chacun semble oublier le « je » au profit du « nous » ou du « projet ». On le voit sur leur site. L’équipe se place dans la page communauté et se retrouve en bas de page… Le projet d’abord, les partenaires et les pionniers ensuite et finalement l’équipe. Ce fut aussi particulièrement incarné lors de plusieurs témoignages. Jean-Paul Bailly (20 ans PDG de la RATP puis de la Poste), président par interim, est venu s’exprimer devant nous et son propos est resté d’une grande PUDEUR. Il s’est fait le témoin de la vision de Frédéric Chevalier et a expliqué pourquoi il la partageait. Nusrat Durrani, fondateur de MTV World et proche de thecamp, est aussi venu témoigner de son parcours en s’inquiétant régulièrement de savoir s’il devenait ennuyant.
L’instinct pour porté l’innovation : surprenant et pourtant tellement en cohérence avec le projet global
Cette dernière valeur est moins basée sur ce que j’ai vécu, elle est issue d’un des ateliers de travail et est plus une valeur que nous avons projetée sur thecamp. On nous a demandé d’imaginer des valeurs que nous voudrions voir porter au quotidien. Avec mon groupe, nous devions nous concentrer sur la valeur qui pourrait porter l’innovation. Pas question de parler de créativité, nous devions chercher LA valeur dont personne ne parle aujourd’hui, qui nous semble intéressante pour parler d’innovation et que thecamp pourrait incarner.
Nous sommes partis dans une discussion sur l’IRRATIONALITÉ pour exprimer comment le raisonnement scientifique et rationnel pouvait être enfermant. Nous sommes revenus à des questions d’INTUITION voir de comportements PRIMITIFS. Et puis Pierrick Rousset-Rivière (Grand Challenges Project Manager) nous a partagé pourquoi il avait rejoint thecamp. Lorsqu’il l’avait rencontré, Frédéric Chevalier lui avait donné l’image d’un homme qui ne savait pas ce qu’il faisait, mais qu’il n’en avait rien à faire. Il ne savait pas ce qu’il faisait car il n’avait pas d’expertise sur la création de lieux favorables à l’innovation et à la rencontre et ne se basait pas sur les nombreux travaux qui ont théorisé le sujet. Par contre, il savait c’est que le lieu qu’il imaginait n’existait pas, alors il allait le construire. C’est notamment cette démarche presque irrationnelle qui a portée Pierrick. Il a été emmené par les convictions de cet homme, il a cru à l’intuition et il a rejoint thecamp. A l’inverse de Pierrick, beaucoup de personnes n’ont pas cru au projet et n’ont pas suivi. Ceux qui, comme Pierrick, se sont laissés porter, se sont accrochés et sont allés au bout, l’ont fait car ils croient en cette vision. Aujourd’hui il reste beaucoup de choses à faire, mais le lieu est né et beaucoup saluent déjà l’initiative et veulent suivre ce qui va s’y passer. Du coup, on s’est dit que l’INSTINCT pourrait être cette valeur qui porterait l’innovation à thecamp. Elle exprimerait le besoin de laisser une place à nos intuitions pour réinventer le futur en s’affranchissant parfois des décisions trop rationnelles. Elle porte en elle l’idée excitante d’une innovation de rupture incomparable avec l’existant. Elle porte aussi celle de risque de ne pas emmener les gens et la possibilité d’échec si l’ intuition n’est pas la bonne. Comme je l’expliquais jusque là, cette dualité-là, je la trouve particulièrement incarnée par le projet en lui-même. C’est pour cela que j’ai très envie que l’INSTINCT porte l’innovation “made in thecamp” !
Si j’ai lu juste, thecamp c’est donc un projet qui veut changer le monde en plaçant l’humain au centre de la pensée. Son équipe est portée par des valeurs d’ENTHOUSIASME face aux challenges, de RÉACTIVITÉ face aux axes d’amélioration et d’HUMILITÉ dans la manière de porter le projet global. Enfin l’innovation issue de thecamp laisse une place forte à l’INSTINCT pour ne jamais se limiter.
Encore une fois, cette lecture ne se base que sur quelques jours et (vous l’aurez compris) j’ai fait le choix de l’optimisme. Les véritables valeurs ne se liront qu’au regard des évolutions, des comportements et de la réalité de thecamp. Elles auront de la consistance uniquement si elles sont incarnées avec constance et traduites dans les décisions et orientations. Avant d’arriver, j’avais un peu peur d’un lieu pensé par des grandes entreprises, pour une population privilégiée, très inaccessible, peu inclusif et finalement pas si innovant que cela. Le projet peut évidemment prendre cette direction, mais quand je vois l’équipe qui l’habite, l’ambition qu’ils ont, les valeurs qu’ils semblent incarner et l’amour qu’ils portent tous à ce projet, je suis optimiste pour la suite.
Marina Rachline avait l’habitude de nous dire « thecamp sera ce qu’on en fera ». Le message est passé, la dynamique est belle, je suis excité à l’idée de suivre les avancées et j’ai hâte d’y participer à nouveau.